mercredi 17 octobre 2007

Le lac des Étoiles

Le lac des Étoiles


Le lac des Étoiles
L’île Canard-Blanc fait trois kilomètres de longueur. Là n’est pas sa particularité. Dans la partie nord de l’île, une météorite aurait percuté la montagne. Son cratère porte un lac qu’un poète nomma lac des Étoiles. À vol d’avion, on disait y distinguer le contour d’une étoile, mais certains randonneurs seraient tentés de l’appeler lac aux tortues puisqu’elles sont nombreuses à le fréquenter.

Pour s’y rendre, si vous êtes en bateau, il faut repérer, sur le versant est de l’île, l’embouchure du ruisseau camouflée par la végétation riveraine. Un sentier battu côtoie le ruisseau, vous conduit à la source. Une fois à terre, un sous-bois de fougères luxuriantes, parmi un éboulement de roches couvertes de mousses, entouré d’arbres géants, prend tous vos yeux, fait de vous un petit humain. […] Le poète donna au sentier le nom de sentier de l’Aube.

Ce poète s’appelle Robert Choquette. Vous souvenez-vous de La pension Velder ? […] Robert Choquette logeait à l’Auberge du Canard Blanc de son ami Raoul Gadbois. Ce dernier avait fait construire, sur un monticule, un pavillon à proximité de la décharge du lac des Étoiles. L’eau s’écoulait dans un lit à travers la sagittaire, cette plante qu’on appelle familièrement la flèche d’eau. Une forêt propice au recueillement, touchée par le vol des jaseurs de cèdres et par le reflet des arbres dans le ciel bleu, y régnait.

Raoul Gadbois proposait à sa clientèle une randonnée de dix kilomètres en yatch confortable qui partait de l’auberge, à heures fixes, pour visiter la pierre du Grand Manitou et l’île Canard-Blanc. Il avait l’habitude du grand monde. Des personnalités en vue, les comédiens de La famille Plouffe, par exemple, retenaient une pension à l’auberge, dansaient le soir, à la terrasse devant le lac, sur des musiques d’après-guerre. C’était le rendez-vous « fashionable » du lac Simon.

Jean-Guy Paquin, extraits du livre Le pays de Canard Blanc, Écrits des Hautes-Terres, Montpellier, 271 pages, 2004. © Écrits des Hautes-Terres et Jean-Guy Paquin.

Aucun commentaire: